Monday 20 May 2013

RODÉO : LE LANCEMENT À BEYROUTH









Le jeudi 16 mai 2013 à Mansion Zouqâq al Bilâtt, de 14 à 16h.

Mansion, la belle et vaste bâtisse jaune ne semblait sortir de La Grande maison des Nassar de Charif Majdalani[1] que pour aller au ‘Ayn Wardi[2] des Baz de Jabbour Douaihy (les 2 auteurs étaient là). Mais une âme duelle a pris en mains la renaissance matérielle et culturelle du lieu. Il était revenu à Sandra Iché, l'une de ses faces, d’orchestrer le numéro 2 de Rodéo –paru en mars 2013 à Lyon- et surtout son pivot, l'entretien accordé par Michel Foucault à Farès Sassine en 1979.
Beaucoup de ceux qui ont lu ou pu lire l'entretien à sa parution en arabe au Nahar ‘Arabî wad Duwalî[3] étaient présents. Ils avaient semblé, les instants d’avant, chercher l’endroit comme les aveugles de Breughel : Mohamad Wehbi, Najib Khazzaka, Antoine Courban, Melhem Chaoul… Il y avait là bien des générations, la mienne, celle Sandra, celle de Caroline Hatem et de Alia Hamdan...Le peintre résident Ghassan Halwani  s'était même payé le luxe de naître l'année où l'entretien se déroula. Laure de Selys, à qui ce numéro de Rodéo devait tant techniquement et artistiquement était là amusée et sage. Farès Chalabi auteur d'un article en marge du dossier sur le sectarisme au Liban trouva lui aussi que l'heure, trop avancée ou trop tardive, n'était pas propre aux débats trop sérieux.
Haytham al Amine lut sa recréation fidèle en prosodie arabe du poème de Mallarmé « Las de l'amer repos » après l'avoir écouté récité par moi. Bojana Cvejic cherchait si on pouvait tirer de là quelque  chose pour la Théorie ou la danse. Mireille Kassar partit trop tôt pour nous faire apprécier sa voix de soprano dans une « leçon de ténèbres » de Couperin.  Saleh Barakat, l’infatigable animateur de la Galerie Agial avait eu, comme toujours, le bon flair d’une belle occasion culturelle. Michel Choueiri, de la librairie El Bourj se préparait à diffuser RODEO  en librairie. Angelo Beaini, photographe montant, était muni d'une caméra cachée et c'est à lui que nous devons les belles photos. Il venait de retrouver son camarade d'université et ami, le columnist d’avenir Roger Outa. Stéphanie Dujols, traductrice de bien des romans arabes,alexandrine et auvergnate, semblait réincarner la chanson de Brassens tant elle s’occupait de chacun.







Sandra Iché présenta longuement Rodéo comme foyer de création et d’études, évoqua les thèmes d’avenir. Avec les nombreuses danseuses présentes, l’esprit du Lieues des Tables claudiennes de Lyon ne manquait pas de s’affirmer. J’insistai personnellement sur ce moment ludique et tout de dons que fut la publication par Rodéo de l’entretien inédit de Foucault : Don de Sandra et de Laure à moi et l’inverse, dons réciproques avec Rodéo, don d’outre tombe de Foucault à la revue mais dons de tous à Foucault. Désormais cette ultime entrevue du penseur sur sa position iranienne
                                          …met à jamais sa borne
Aux noirs vols du blasphème épars dans le futur[4]   
 Franck Mermier, présent à Beyrouth et qui profitait de la rencontre pour revoir ses nombreux amis, s’enquit de la réception par les intellectuels de l’entretien de 1979.
Mansion avait préparé une table d’hôte généreuse. On l’attaqua sans interrompre retrouvailles et concilabules




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[1] Charif Majdalani :Histoire de la Grande Maison, Seuil, 2005
[2] Le roman de Jabbour Douaihi paru sous ce titre en arabe a été publié en traduction français chez Actes Sud sous un autre : Rose Fountain Motel, 2009.
[3] L’hebdomadaire paraissait alors à Paris.
[4] Derniers vers du poème de Mallarmé: Le Tombeau d’Edgar Poe.

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