Friday 8 April 2016

POUR GHASSAN SALAMÉ A LA DIRECTION GÉNÉRALE DE L’UNESCO






            A l’heure où une opportunité est donnée à une personne originaire du Liban ou de l’un des pays de la collectivité arabe d’occuper pour la première fois le poste de directeur général de  l’UNESCO en 2017 et de montrer ce qu’un représentant de cet ensemble peut apporter à l’Education, la Science et la culture une fois qu’il en aura assumé la conduite sur la scène internationale, le collectif de L’Orient littéraire  et nombre d’intellectuels libanais, trouvent que M. Ghassan Salamé est le plus apte, parmi d’autres méritants, à être choisi pour cette candidature, à gagner dans ce but la confiance et l’appui des pays de la région, et surtout à remplir la mission au cas où il est élu.
          Nous sommes dans la conjoncture actuelle devant un monde menacé de se retrouver « hors de ses gonds ». Les crises économiques, les flux migratoires, les poussées démographiques, les guerres internes et externes, la montée des intégrismes, de la violence, de la tyrannie, du terrorisme, les menaces écologiques…font craindre les pires catastrophes et les pires replis identitaires ; cela à l’heure où les progrès des sciences, des techniques et de l’information ne connaissent pas de limites. Il est donc capital que l’UNESCO, parmi d’autres organisations internationales et à leur tête,   refasse jouer à la culture un rôle pionnier dans la reconnaissance de la diversité et dans les vertus du dialogue. Il est capital aussi qu’elle fasse retrouver ce que les civilisations, dans leurs variétés et le pluralisme de chacune d’elles, ont de valeurs convergentes, communes et universelles.
          La tâche est difficile, énorme au milieu de tant de flux complémentaires et contradictoires. On peut cependant dessiner quelques uns des aspects du profil de la personne à choisir. Une connaissance approfondie du monde actuel et de ses équilibres ; un attachement indéfectible aux  normes universelles du droit des individus, des peuples et des Etats ; la loyauté envers les libertés et la démocratie ; une expérience solide des instances internationales ; l’art de dialoguer et la force de construire une vision cohérente ; l’habileté prouvée de diriger des équipes et l’énergie de l’initiative et de la poursuite des tâches.
          Issu d’un Liban qui reste, sur de nombreux points, un modèle du vivre ensemble, fruit de cette République plurielle résiliente, arabe et multilingue, aux institutions pédagogiques bien enracinées, Ghassan Salamé connaît  de près les failles d’un système de plus en plus embourbé dans son incapacité : il y a exercé des responsabilités ministérielles mais y a pu mener à bien la tenue du sommet international de la francophonie en 2002. Il n’est ni ne saurait être le candidat d’un parti ou d’une faction et la majorité de ses concitoyens suivent avec la plus grande attention ses interventions télévisées et se hâtent de lire ses livres et articles.
          Ghassan Salamé jouit par ailleurs d’une excellente réputation dans le monde arabe du Golfe au Maghreb ; il y est lu en plusieurs langues et ses anciens étudiants lui sont reconnaissants. Ses avis sont souvent sollicités par les cercles gouvernementaux. Sa carrière de conseiller principal  à l’ONU (2003-2006) n’y est pas étrangère. 
          Si ses études de science politique et ses contributions dans ce domaine  lui ont tracé une carrière académique internationale et l’ont promu à la tête d’instituts réputés (directeur de l'École des affaires internationales de Sciences-Po Paris de 2010 à 2015), les préoccupations culturelles ne l’ont jamais quitté. Il y a consacré ses premiers écrits et sa vision du politique donne une large place à la culture et à l’éducation. Sa présidence du projet AFAC (Fonds arabe pour l'art et la culture) pour développer les jeunes talents dans divers domaines créatifs depuis 2007 est un modèle de réussite. De là cette « éthique de la responsabilité » qui le qualifie bien : il saura être visionnaire tout en dilatant au mieux les limites du possible.
          Nous appuyons donc la candidature de Ghassan Salamé au poste de Directeur général non seulement pour ses qualités intellectuelles et morales et son expérience étendue de l’administration académique, politique et culturelle, mais surtout pour 3 raisons principales :
1.     Libanaise car elle re-dégage, pour les Libanais comme pour le monde,  cette figure culturelle propre à notre pays, qui a prévalu parfois, mais que le confessionnalisme étriqué et les violences ont souvent occultée : urbanité, richesse culturelle et compétence. Le message libanais dans ce qu’il a de plus noble et de plus profond.
2.     Arabe car elle est l’occasion pour les habitants des divers pays, plus ou moins empêtrés dans des conflits et des impasses, de se reconnaître dans un candidat qui allie presque naturellement l’appartenance et l’ouverture, et qui permette aux arabes de renouer avec leur générosité historique dont ils sont sevrés depuis de longues  décennies.

3.     Internationale car elle permet de parier sur l’importance de la culture, de la science et de l’éducation pour réconcilier un monde complexe engagé dans des conflits intenses et au bord d’éclatements désastreux pour le pluralisme, l’humanisme et le dialogue. 

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