A l’heure où une
opportunité est donnée à une personne originaire du Liban ou de l’un des pays
de la collectivité arabe d’occuper pour la première fois le poste de directeur
général de l’UNESCO en 2017 et de
montrer ce qu’un représentant de cet ensemble peut apporter à l’Education, la
Science et la culture une fois qu’il en aura assumé la conduite sur la scène
internationale, le collectif de L’Orient littéraire et nombre d’intellectuels libanais, trouvent
que M. Ghassan Salamé est le plus apte, parmi d’autres méritants, à être choisi
pour cette candidature, à gagner dans ce but la confiance et l’appui des pays
de la région, et surtout à remplir la mission au cas où il est élu.
Nous sommes dans la conjoncture actuelle devant un monde menacé
de se retrouver « hors de ses gonds ». Les crises économiques, les
flux migratoires, les poussées démographiques, les guerres internes et
externes, la montée des intégrismes, de la violence, de la tyrannie, du
terrorisme, les menaces écologiques…font craindre les pires catastrophes et les
pires replis identitaires ; cela à l’heure où les progrès des sciences,
des techniques et de l’information ne connaissent pas de limites. Il est donc
capital que l’UNESCO, parmi d’autres organisations internationales et à leur
tête, refasse jouer à la culture un
rôle pionnier dans la reconnaissance de la diversité et dans les vertus du
dialogue. Il est capital aussi qu’elle fasse retrouver ce que les civilisations,
dans leurs variétés et le pluralisme de chacune d’elles, ont de valeurs convergentes,
communes et universelles.
La tâche est difficile, énorme au milieu de tant de flux
complémentaires et contradictoires. On peut cependant dessiner quelques uns des
aspects du profil de la personne à choisir. Une connaissance approfondie du
monde actuel et de ses équilibres ; un attachement indéfectible aux normes universelles du droit des individus,
des peuples et des Etats ; la loyauté envers les libertés et la démocratie ;
une expérience solide des instances internationales ; l’art de dialoguer
et la force de construire une vision cohérente ; l’habileté prouvée de
diriger des équipes et l’énergie de l’initiative et de la poursuite des tâches.
Issu d’un Liban qui reste, sur de nombreux points, un
modèle du vivre ensemble, fruit de cette République plurielle résiliente, arabe
et multilingue, aux institutions pédagogiques bien enracinées, Ghassan Salamé
connaît de près les failles d’un système
de plus en plus embourbé dans son incapacité : il y a exercé des responsabilités
ministérielles mais y a pu mener à bien la tenue du sommet international de la
francophonie en 2002. Il n’est ni ne saurait être le candidat d’un parti ou
d’une faction et la majorité de ses concitoyens suivent avec la plus grande
attention ses interventions télévisées et se hâtent de lire ses livres et
articles.
Ghassan Salamé jouit par ailleurs d’une excellente
réputation dans le monde arabe du Golfe au Maghreb ; il y est lu en
plusieurs langues et ses anciens étudiants lui sont reconnaissants. Ses avis
sont souvent sollicités par les cercles gouvernementaux. Sa carrière de
conseiller principal à l’ONU (2003-2006)
n’y est pas étrangère.
Si ses études de science politique et ses contributions
dans ce domaine lui ont tracé une
carrière académique internationale et l’ont promu à la tête d’instituts réputés
(directeur de l'École des affaires internationales de Sciences-Po
Paris de 2010 à 2015), les préoccupations culturelles ne l’ont jamais quitté.
Il y a consacré ses premiers écrits et sa vision du politique donne une large
place à la culture et à l’éducation. Sa présidence du projet AFAC (Fonds arabe pour l'art et la culture) pour
développer les jeunes talents dans divers domaines créatifs depuis 2007 est un
modèle de réussite. De là cette « éthique de la responsabilité » qui
le qualifie bien : il saura être visionnaire tout en dilatant au mieux les
limites du possible.
Nous appuyons donc la candidature de Ghassan Salamé au
poste de Directeur général non seulement pour ses qualités intellectuelles et
morales et son expérience étendue de l’administration académique, politique et
culturelle, mais surtout pour 3 raisons principales :
1.
Libanaise car elle re-dégage, pour les Libanais comme
pour le monde, cette figure culturelle
propre à notre pays, qui a prévalu parfois, mais que le confessionnalisme
étriqué et les violences ont souvent occultée : urbanité, richesse
culturelle et compétence. Le message libanais dans ce qu’il a de plus noble et
de plus profond.
2.
Arabe car elle est l’occasion pour les habitants des
divers pays, plus ou moins empêtrés dans des conflits et des impasses, de se
reconnaître dans un candidat qui allie presque naturellement l’appartenance et
l’ouverture, et qui permette aux arabes de renouer avec leur générosité
historique dont ils sont sevrés depuis de longues décennies.
3.
Internationale car elle permet de parier sur l’importance
de la culture, de la science et de l’éducation pour réconcilier un monde complexe
engagé dans des conflits intenses et au bord d’éclatements désastreux pour le
pluralisme, l’humanisme et le dialogue.
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